Le rapport « Living Planet 2024 – A System in Peril » dresse un portrait alarmant de l’état de la biodiversité mondiale. Il souligne un déclin dramatique des populations animales, avec des implications importantes pour les écosystèmes et la survie humaine.
Qu’est-ce que la biodiversité et pourquoi est-elle importante ?
La biodiversité, définie comme la diversité des espèces, des gènes et des écosystèmes, est essentielle au bon fonctionnement des écosystèmes. Elle assure des services vitaux, comme la régulation du climat, la purification de l’eau et la production alimentaire. Pourtant, elle est en déclin rapide. Selon l’indice Planète Vivante (LPI), entre 1970 et 2020, les populations mondiales d’animaux vertébrés ont diminué de 73 %.
Comment mesure-t-on le déclin de la biodiversité ?
L’Indice Planète Vivante, élaboré par le WWF et la Société Zoologique de Londres, suit les tendances des populations animales pour mesurer la santé des écosystèmes. En 2024, cet indice montre une baisse continue et alarmante des populations animales. Ces pertes ont des conséquences directes sur la résilience des écosystèmes, compromettant des processus essentiels comme la pollinisation ou le stockage de carbone.
Les points de basculement : un danger imminent
Les écosystèmes sont en péril face à des changements rapides qui risquent d’atteindre des points de basculement irréversibles. Ces points de basculement sont des seuils au-delà desquels les écosystèmes ne peuvent plus revenir à leur état précédent. Le rapport identifie plusieurs points de basculement critiques à l’échelle mondiale, comme la disparition des récifs coralliens, le basculement de la forêt amazonienne et la fonte des glaciers au Groenland.
Exemples régionaux de points de basculement
Dans l’Ouest des États-Unis, la combinaison des feux de forêt et de l’invasion d’espèces non natives pousse les forêts de pins à un point de basculement vers un remplacement par des arbustes et des prairies. Le récif de la Grande Barrière en Australie, quant à lui, subit des épisodes répétés de blanchissement en raison de l’augmentation des températures océaniques, menaçant la survie de 70 à 90 % des récifs coralliens dans le monde, même si nous limitons le réchauffement climatique à 1,5°C.
Les objectifs mondiaux en péril
Malgré des objectifs ambitieux, comme l’Accord de Paris et les Objectifs de développement durable (ODD), le monde est loin d’atteindre ses cibles. La biodiversité continue de diminuer à un rythme effrayant, et les engagements actuels des pays ne permettent pas d’atteindre les objectifs fixés pour 2030. Si rien n’est fait, plus de la moitié des cibles des ODD seront manquées, et le réchauffement climatique pourrait dépasser les 3°C d’ici la fin du siècle.
La transformation des systèmes alimentaires et énergétiques : une priorité
Le rapport met en lumière la nécessité de transformer en profondeur nos systèmes alimentaires et énergétiques pour freiner la perte de biodiversité. Le système alimentaire actuel est une des principales causes de la dégradation de la nature : il occupe 40 % des terres habitables, utilise 70 % des ressources en eau et génère plus d’un quart des émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, il n’assure pas une alimentation adéquate à tous.
Comment réformer le système alimentaire ?
Le rapport propose plusieurs pistes pour transformer le système alimentaire, notamment en augmentant la production de manière durable, en réduisant le gaspillage alimentaire, et en adoptant des régimes plus équilibrés, principalement à base de plantes. Ces changements permettraient non seulement de préserver la biodiversité, mais aussi d’améliorer la santé humaine et de garantir la sécurité alimentaire.
Réorienter le financement vers des solutions durables
Le financement est une clé de la transition écologique. Aujourd’hui, 7 000 milliards de dollars par an sont investis dans des activités néfastes pour l’environnement. Si une partie de ces flux financiers était réorientée vers des solutions vertes, cela suffirait à combler le déficit de financement nécessaire pour atteindre les objectifs en matière de biodiversité et de climat. Il s’agit de financer des solutions basées sur la nature, comme la reforestation et la restauration des habitats naturels.
Un système financier aligné sur la nature
Le rapport appelle à aligner les flux financiers avec les objectifs de développement durable et à investir massivement dans des solutions qui protègent la biodiversité. Les gouvernements, les entreprises et les institutions financières doivent intégrer la valeur de la nature dans leurs décisions, et les risques liés à la perte de biodiversité doivent être pris en compte dans les politiques économiques.
Vers une action coordonnée pour sauver la planète
Le rapport conclut qu’il est impératif d’agir rapidement et de manière coordonnée pour éviter les pires scénarios. La protection de la biodiversité, la lutte contre le changement climatique et la promotion du bien-être humain doivent être abordées ensemble. Il est encore temps d’éviter les points de basculement, mais cela nécessite une action collective ambitieuse et immédiate à tous les niveaux, des gouvernements aux citoyens.
Une opportunité historique
Les cinq prochaines années seront décisives. Nous avons l’opportunité d’inverser la tendance et de garantir un avenir durable pour les générations futures. Cependant, cela demande des efforts considérables pour repenser nos modèles économiques et notre relation avec la nature. Le rapport met en avant le potentiel des solutions fondées sur la nature, des énergies renouvelables et des pratiques agricoles durables, mais avertit que ces transformations doivent être menées de manière juste et équitable.
Le rapport « Living Planet 2024 » appelle à une mobilisation générale pour protéger notre planète. La biodiversité est en déclin rapide, mais avec une action coordonnée et des réformes systémiques, il est possible d’inverser cette tendance et de garantir un avenir où les humains vivent en harmonie avec la nature.